La répartition

N’appelons « productivité » qu’un rapport entre les montants monétaires d’un flux de ventes et d’un stock.

 

1. Les chiffres d’affaires des entreprises sont les montants monétaires de leurs flux de ventes.

 

De ces montants, on peut dire qu’ils sont à leur « valeur-prix ». Un flux de ventes par une entreprise est, en effet, aussi exprimable à une « valeur-coût », la différence entre les ventes à valeur-prix et les mêmes ventes à leur valeur-coût étant une marge.

 

2. Les revenus de placement sont des flux de vente.

 

Les revenus du travail sont aussi des flux de vente, mais les prestations de service qui les procurent ne sont pas des placements d’épargne.

 

3. En économie objective, seul un ratio entre un flux F, autre qu’une marge, et un stock S est une productivité P telle que P = F / S.

 

Une productivité P mesure ce qu’un stock S a produit ou est susceptible de produire ayant valeur marchande, l’expression de ce flux F de production et de ce stock S étant elle-même exclusivement monétaire. La productivité ainsi définie mesure une vitesse de rotation.

 

4. Un rendement par unité physique ou horaire n’est pas une productivité.

 

Un rendement à l’hectare, un chiffre d’affaires au mètre carré, un tonnage ou un nombre de pièces à l’heure, etc., ne sont pas des productivités au sens univoque attribué à ce concept par l’énoncé : n’appelons « productivité » qu’un rapport entre les montants monétaires d’un flux de vente et d’un stock.

 

5. Un rendement est un rapport entre un résultat et un moyen mis en œuvre pour l’obtenir.

 

Le numérateur et le dénominateur de ce rapport sont, bien entendu, différents selon qu’il s’agit, par exemple, du rendement d’une terre agricole, d’un placement, de tels gens dans telle activité, d’une chaudière, d’un moteur, etc. sans limites assignables. Un chiffre d’affaires ou une valeur ajoutée par personne employée est un rendement.

 

6. Les rapports entre les montants monétaires d’un flux de vente et d’un stock sont un sous-ensemble défini de l’infinité des rendements.

 

La « productivité » ne respecte pas cette définition chaque fois qu’elle désigne un rendement par personne employée.

 

7. Une « productivité par facteur de production » existerait.

 

Examinons le cas d’un agriculteur qui travaille seul. Dans le stock que le travail de cet agriculteur met en œuvre se trouvent des machines, ainsi que d’autres « facteurs de production » tels qu’un fonds de salaire, car l’agriculteur qui travaille seul n’en est pas moins économiquement un salarié. Quelle part de la production de cet agriculteur est attribuable à sa qualité de salarié ? Quelles autres parts sont attribuables aux machines, aux variétés culturales, aux engrais utilisés, à la terre elle-même, au climat, etc. ? Ces questions resteront à jamais sans réponse certaine, parce que tout processus de production de quoi que ce soit ne met jamais en œuvre des facteurs indépendamment les uns des autres. C’est la combinaison qui est productive.

 

8. Les citations à suivre sont tirées de récents manuels d’économie.

 

Affirmer que la productivité est un « rapport entre un volume ou une valeur de production et une quantité d’un facteur de production » rend compte d’une acception. Valant pour tout rendement, cette acception n’est pas une définition au sens de ce concept en logique des ensembles finis. Le fait qu’aucune propriété spécifique aux rendements appelés « productivités » ne soit spécifiée en atteste. Dans cette veine, soutenir que « ce sont les gains de productivité qui permettent d’améliorer le niveau de vie de la population » revient à constater que l’augmentation du revenu moyen par tête dépend de l’élévation de rendements. Cette vérité n’autorise en aucune façon à proférer la contrevérité de l’existence d’une productivité par facteur de production.

 

9. Parmi les questions de fond auxquelles la science économique doit apporter une réponse claire se trouvent les trois suivantes :

 

Question 1 : un « facteur de production » a-t-il un effet d’entraînement plus initial que les autres afin que l’élévation du revenu par tête ait le minimum d’effets pervers ? Question 2 : quel rendement est le plus déterminant de la hauteur du revenu par tête ? Question 3 : les « gains de productivité », sous-entendu du travail, sont-ils à partager ?

 

10. Un « facteur de production » a-t-il un effet d’entraînement plus initial que les autres afin que l’élévation du revenu par tête ait le minimum d’effets pervers ?

 

Les trois chapitres précédents, successivement sur le capital, le profit et l’emploi, établissent que ce « facteur de production » est la mise en capital, ce dernier concept au sens univoque posé au début du chapitre 5.

 

11. Quel rendement est le plus déterminant de la hauteur du revenu par tête ?

 

La « science économique » en son état actuel répond : ce rendement est celui du travail. Cette réponse est aussi celle du patron qui s’échine à rendre le travail assez productif de vente et de marge. Ces sources ne garantissent pas que cette vue est la plus exacte.

 

En réalité, le revenu total du travail (RT) peut augmenter de façon durable plus vite que le revenu global (RG). La suite de ce chapitre le démontre. Ce qui s’en trouve à partager entre les salariés en tant que tels, travailleurs indépendants compris, non pas le RG, mais le RT, selon les modalités que le chapitre suivant indique.