L’emploi et le capital

 

Les augmentations de capital sont le moyen le plus sain de création d’emplois par les entreprises.

 

1. Un moyen plus sain que tout autre s’établit par comparaisons.

 

Deux entreprises ou deux aires géographiques sont comparées une décennie durant. Au début de la décennie, les deux taux de capitalisation, moyens dans le cas des aires géographiques, sont identiques ou plus rapprochés qu’ils ne vont le devenir. Dans le premier tiers de la décennie, l’un de ces taux augmente beaucoup, grâce à davantage de mobilisation d’épargne placée en capital que de recours à du crédit. L’autre taux de capitalisation reste stable ou diminue. Dans la suite de la décennie, le taux sensiblement relevé se maintient ou augmente.

 

2. Les résultats de fin de décennie en matière d’emploi sont le plus souvent très différents.

 

Dans la première moitié de la décennie, les bilans ont pu croître dans la même proportion et cette croissance a pu avoir à peu près le même effet sur l’emploi. Ensuite, un décrochage s’amorce et s’amplifie. Le taux de capitalisation le plus élevé se révèle plus approprié à l’élargissement et à l’ouverture de débouchés qui pourvoient en augmentations des ventes à marge suffisante, ainsi qu’aux reconversions à temps face aux débouchés en train de se fermer. Les taux de capitalisation plus élevés incitent les dirigeants à voir plus loin et à recruter plus volontiers en contrats à durée indéterminée.

 

3. L’élévation d’un taux moyen de capitalisation a sur l’emploi le même effet que la création d’entreprises viables.

 

La viabilité d’une nouvelle entreprise ne dépend évidemment pas que de son taux de capitalisation. La suffisance de ce dernier n’en est pas moins une condition nécessaire. Une nouvelle entreprise hautement capitalisée devient plus aisément un bon employeur. Pour autant, tirer l’entière conséquence de ces évidences ne prévaut pas encore en science et politique économiques ainsi qu’en art de la gestion d’entreprise.

 

4. Si la comparaison porte sur des économies nationales, les résultats sur l’emploi sont les mêmes.

 

L’élévation du taux moyen de capitalisation dans une économie nationale, alors que ce même taux se maintient ou s’effrite dans l’économie nationale comparée, a le même effet. Dans la première, la création d’emplois par les entreprises devient plus soutenue que dans la seconde.

 

5. Ce qui se passe dans les pays où le manque d’emplois sévit le plus révèle l’existence de deux lois économiques.

 

1 – La population de ces pays cherche par tous les moyens à sa disposition à créer de nouvelles entreprises, fussent-elles très précaires et très faiblement rémunératrices. 2 – La réduction de cette précarité et de cette faiblesse s’obtient mieux par plus de financement à proprement parler permanent que d’endettement.

 

6. La suite de ce chapitre montre qu’une rétroaction, pays par pays, entre l’état de l’emploi et la hauteur du stock de capital via le profit est normale.

 

Deux conceptions de l’économie de marché sont en rupture quand l’une admet cette normalité alors que les postulats de l’autre sur le profit et sur un déterminant commun à tous les prix l’en empêchent. L’affaire n’a rien de mineur. Vouloir la rétroaction entre l’état de l’emploi et la hauteur du stock de capital la plus active possible est d’intérêt général, s’en dispenser protège des intérêts particuliers.